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E-commerce : Acheter sur internet, est-ce écologique et respectueux pour la planète ?

Le e-commerce connaît une croissance non démentie. Les Français ont dépensé 146,9 milliards d’euros pour leurs achats en ligne au cours de l’année 2022 contre 129 milliards en 2021, soit une hausse de +13,8% sur l’année.


Seulement une partie de cette augmentation peut s’expliquer par l’inflation car  le nombre de transactions réalisées sur internet a augmenté de +6,5% par rapport à l’année précédente.

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Le marché du e-commerce continue de tabler sur une croissance supérieure à la moyenne pour les années à venir.

Or, cela signifie notamment l’augmentation du volume de transport et donc des émissions de CO2 qui y sont liées.

Cependant, l’achat sur internet est-il plus ou moins écologique que l’achat en magasin physique ? Quelles sont les bonnes pratiques pour réduire son empreinte carbone quand on est e-commerçant ?

1- Un point sur la consommation e-commerce en Europe

Parmi les pays Européens qui achètent le plus en ligne, nous trouvons :

  • Les Pays bas (91 % de la population achète en ligne)
  • La Suisse (90 %),
  • L’Allemagne (87 %),
  • La France (78 %),
  • L’Autriche (74%).

Les livraisons internationales sont en croissance significative, avec 73 % des acheteurs en ligne européens qui achètent auprès de fournisseurs situés à l’étranger.

Les e-commerçants ont tout intérêt à proposer leurs produits à l’international. En effet, des études montrent que proposer des produits en vente à l’étranger engendre une croissance des revenus à deux chiffres. Cette croissance est  notamment favorisée par les marketplaces internationales et les partenaires (logisticiens etc) qui rendent les processus de vente e-commerce à l’étranger plus simples pour les e-commerçants.

2- L’empreinte carbone du commerce dans le cycle de vie d’un produit

La production est responsable de 30 à 90 % des gaz à effet de serre générés sur l’ensemble du cycle de vie de d’un produit. En revanche, la distribution et la vente (en ligne ou non) ne représentent qu’entre 2 et 10 % de l’empreinte écologique du produit.

Du fait de l’augmentation des achats sur internet en Europe, le volume de trafic généré par le transport de marchandises destinées au e-commerce augmente d’environ 2 % par an.

Par exemple, la répartition de l’empreinte écologique d’un ordinateur est le suivant :

  • 69 % des gaz à effet de serre sont générés par sa production ;
  • 10 % par sa distribution et sa vente ;
  • 1 % pour son élimination ;
  • 20 % par son utilisation.

Quel est l’empreinte écologique de la forte croissance du e-commerce sur l’environnement et le climat ?

Est-elle plus importante que les achats réalisés dans les magasins physiques ?

Intuitivement c’est ce que nous pourrions penser puisque les achats en ligne génèrent des flux de marchandises et de transport, nécessitent des emballages pour l’expédition et impliquent des taux de retour plus élevés. Qu’en est-il réellement ?

3- Commerce physique vs e-commerce : qui a la plus grosse empreinte carbone ?

Les effets du commerce et de la distribution varient entre le commerce de détail physique et le commerce en ligne.

Commerce physique : deux facteurs d’impacts environnementaux

Alors que de nombreux consommateurs imaginent que les achats en ligne sont plus mauvais pour la planète que l’achat en boutique, des études internationales menées ces dernières années ont prouvé précisément l’inverse.

Le e-commerce aurait bien moins d’impact sur le plan écologique que le commerce physique. La réputation et l’image de l’achat en ligne n’est pas le reflet de la réalité.

En effet, selon les études, dans plus de 80 % des cas, le e-commerce présente un avantage écologique par rapport au commerce physique. Ce résultat s’explique principalement par deux facteurs :

  1. Le commerce physique a un impact environnemental plus important lié au local d’accueil des clients (magasin, boutique): les magasins doivent être éclairés, chauffés en hiver et climatisé en été, il peut y avoir besoin d’une chambre froide, de frigo etc.

  2. L’impact du déplacement des clients: un camion qui livre le domicile de plusieurs clients a moins d’impact que le déplacement de centaines de clients, particulièrement si ceux-ci utilisent la voiture individuelle. 

Ces deux facteurs représentent un plus gros impact environnemental que les emballages et les livraisons dans le e-commerce.

E-commerce : moins polluant que le commerce physique

  • En moyenne, chaque produit vendu en commerce physique génère 2,3 fois plus d’émissions de CO2 que dans le commerce en ligne.

Le bilan écologique du e-commerce est meilleur en ce qui concerne le commerce et la distribution. En effet, par rapport au commerce physique, l’achat sur un site e-commerce d’un produit :

  • permet d’économiser de quatre à neuf fois les émissions de CO2 ;
  • génère en moyenne 36 % de CO2 en moins que l’achat via le commerce physique ;
  • non alimentaire génère en moyenne 1,5 à 3 fois moins d’émissions de CO2 que son achat en magasin.

Pourquoi le e-commerce a une meilleure empreinte carbone ?

L’empreinte carbone du e-commerce est plus faible que celle des magasins physiques sur trois points :

  • le commerce et la distribution ;
  • le stockage ;
  • la livraison.

Le bilan écologique du e-commerce est meilleur en ce qui concerne le commerce et la distribution comme indiqué plus haut.

Le bilan écologique du e-commerce est également meilleur en ce qui concerne le stockage.

Cela s’explique simplement par la notion d’économie d’échelle : lorsqu’une grande quantité de produits est traitée, l’empreinte carbone par produit diminue. Un exemple pour bien comprendre : un entrepôt dans lequel sont stockés les produits de cent boutiques en ligne consomme moins de ressources que cent magasins disposant d’entrepôts.

Enfin, le e-commerce affiche également un meilleur bilan carbone grâce à ses modes de livraison et à une automatisation accrue. 

En résumé, le commerce physique émet plus d’émissions que le marché de l’e-commerce, à presque tous les niveaux. Toutefois, on remarque des disparités d’un pays à l’autre. C’est l’Allemagne qui détient le meilleur bilan écologique du e-commerce. Ceci s’explique par la forte densité des commerces physiques qui génère trois fois plus d’émissions de CO2 que les achats en ligne.

4- L’empreinte carbone du e-commerce par étapes

En dépit de ce constat favorable au e-commerce, des efforts sont encore à faire pour rendre celui-ci plus soutenable et durable. Interrogeons-nous sur les différents leviers de décarbonation existants.

Tout d’abord, visualisons l’empreinte carbone que représente chaque étape d’une commande en ligne :

  • Informatique et gestion internet (site en ligne, mail, wifi etc.) : 10 à 15 % des émissions totales produites ;
  • Emballage : 10 à 40 %
  • Stockage dans les entrepôts et les centres de distribution : 2 à 10 %
  • Logistique du premier kilomètre : 10 à 25 %
  • Logistique du dernier kilomètre : 25 à 40 %

La logistique du premier kilomètre représente l’ensemble des opérations du début de chaîne logistique, de la réception de la commande jusqu’au chargement de cette commande en vue de la livraison.

La logistique du dernier kilomètre concerne uniquement le dernier segment de la chaîne de livraison d’une commande jusqu’au client final.

5- Les bonnes pratiques pour un e-commerce plus durable  

Les étapes pouvant avoir le plus d’impact environnemental sont donc celles de l’emballage et du transport dernier kilomètre.

Réduire l’impact de l’emballage

L’emballage constitue une part importante des émissions de C02. Ce calcul prend en compte toutes les étapes depuis la production des emballages de transport jusqu’à leur élimination.

Pour réduire leur empreinte carbone, les fabricants d’emballage et les acteurs du e-commerce ont pris certaines initiatives :

  • Utilisation d’emballages recyclables ou réutilisables ;
  • Standardisation des emballages afin d’optimiser le chargement des véhicules de livraison ;
  • Utilisation d’emballages à retourner par le client.

L’utilisation généralisée d’emballages réutilisables permettrait de réaliser des réductions d’émissions de C02 allant de 22 à 45 %.

Exemple d’initiative : le sac de livraison réutilisable RePack est fabriqué en plastique recyclé. Il est demandé au client de le plier puis de le renvoyer gratuitement via la Poste. Ce sac est réutilisable au moins 20 fois. Loin d’embêter les clients, ceux-ci se déclarent satisfaits de ces emballages à retourner. En effet, le taux de retour des sacs est plus satisfaisant qu’envisagé. Cette solution est proposée par une société finlandaise spécialisée dans les solutions de produits et de modèles commerciaux durables.

Pour réduire son impact, un e-commerçant pourra proposer des emballages durables et inciter les clients à choisir les solutions les plus écologiques !

Réduire l’impact du transport

Nous l’avons vu, le transport est un levier de décarbonation essentiel car, en cumulé (logistique premier et dernier kilomètre), il représente entre 35% et 65 % des émissions carbone du e-commerce. Le transport jusqu’au client final étant celui ayant le plus d’impact, il s’agit de l’étape sur laquelle la marge de manœuvre est la plus importante pour réduire l’empreinte écologique du e-commerce.

Cependant, toutes les commandes n’ont pas le même impact. En effet, une livraison réalisée par fret aérien depuis un centre de distribution en Chine génère 25 fois plus de CO2 que l’envoi d’un produit provenant d’un entrepôt situé dans l’Union Européenne.

Quelques pistes à envisager pour réduire l’impact environnemental du transport :

  • Passer la flotte de véhicules de livraison à l’électrique,
  • Limiter voir supprimer les trajets à vide ;
  • Regrouper les livraisons via la planification numérique aide par l’intelligence artificielle;
  • Éviter les envois par fret aérien,
  • Limiter les livraisons à domicile et promouvoir l’utilisation de casiers à colis ou de consignes pour les livraisons ainsi que pour les retours de colis.

Pourquoi faut-il éviter la livraison à domicile ? Pour réduire l’impact environnemental du « dernier kilomètre », des études ont montré que la collecte de colis est une solution intéressante. En effet, le potentiel de réduction des émissions de carbone atteint 20,5 % par rapport à la livraison traditionnelle à domicile. Cela s’explique aisément : au lieu de se rendre directement à l’adresse de cent personnes et d’avoir à y revenir si ceux-ci sont absents, les colis sont regroupés et livrés à proximité du domicile des personnes. Dans les cas où les destinataires peuvent se rendre à pied au point de collecte, les émissions de CO2 sont encore drastiquement réduites.

Et les chiffres sont là : la livraison hors domicile permet d’économiser environ 300 g de CO2 par colis par rapport à la livraison à domicile. 

Comment influer sur le comportement des acheteurs ?

Reste à inciter les personnes à opter pour des alternatives plus vertes !

Par exemple, pour inciter les acheteurs en ligne à choisir la livraison hors domicile, informez-les sur les différences d’impacts de chaque option. Une étude montre que lorsque l’alternative la plus écologique est visuellement mise en évidence, celle-ci est choisie quatre fois plus souvent. Vous pouvez installer l’outil Bewust Bezorgd sur votre boutique en ligne afin de calculer l’option de livraison la moins émettrice de Co2.

Les retours de colis représentent un quart des émissions de transport des marchandises vendues en ligne. Là encore, les e-commerçants peuvent sensibiliser leurs clients en leur délivrant des informations sur l’impact environnemental des retours de produits. Un contrôle automatisé du panier d’achat peut-être mis en place afin d’éviter les commandes de plusieurs articles dans différentes tailles uniquement pour les essayer et retourner ceux qui ne conviennent pas. C’est aussi pour cela que les fiches produits d’un site e-commerce doivent contenir l’ensemble des informations nécessaires et être le plus claires possible.

Pour résumer, acheter sur internet est plus écologique que de se rendre en magasin. Toutefois, compte tenu de l’urgence climatique, le secteur du e-commerce doit continuer d’activer les différents leviers de décarbonation disponibles. Pour aller encore plus loin, de nombreuses entreprises mènent des projets de compensation carbone : plantation d’arbres, transition vers des énergies renouvelables pour les entrepôts, recyclage des produits etc.

Dans tous les cas, les consommateurs sont avides d’initiatives en faveur de la planète et plébiscitent les marques qui s’engagent. Consommer oui, mais de manière plus durable !

Source : Etude Seven Senders > Le marché du e-commerce européen à l’heure du développement durable

Un commentaire sur “E-commerce : Acheter sur internet, est-ce écologique et respectueux pour la planète ?”

  1. Effectivement, excellente étude sur l’impact du e-commerce sur la planète.
    Les préjugés sont battus en brèche.
    Merci

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